Reproduction d’un communiqué publié initialement sur Rise-up et le club de Médiapart le 3 février 2021.
DÉCRYPTAGE D’UN ENFUMAGE ANNONCÉ : ce que Blast ne vous dit pas quand il réclame votre argent ! Un communiqué des « Socios engagés »
Mardi 26 janvier dernier, Denis Robert, ancien directeur de la rédaction du Média, a accordé une interview au site internet de France Culture, dans laquelle il déroule encore une fois la promotion de son projet de webmédia. C’est beau, c’est bien fait, tous les éléments d’une bonne opération de communication sont réunis… ça met l’eau à la bouche.
Nous n’allons pas nous « amuser » à reprendre tout ce qui ne va pas dans les propos de Denis Robert, les non-dits, les oublis volontaires, les toujours-mêmes « erreurs » quand il évoque son passage au Média… tout cela est fâcheux mais les temps sont durs, et « à la guerre comme à guerre ».
Chiffres et illusionnisme
Et pourtant, en regardant de plus près, une information en particulier mérite qu’on s‘y arrête : celle des ressources financières et de la gouvernance de son futur webmédia. Au départ, c’est un projet coopératif, donc il recourt à une annonce classique qui fonctionne toujours et produit son effet (Le Média l’utilise aussi) :
“Pour devenir sociétaire […], il faut prendre une part sociale et une part sociale coûte cinq euros (1). Et quand on a une part sociale, on a un droit de vote et on a un tout petit pouvoir. Que quelqu’un mette 100 000 euros ou 5 euros, il a une voix”.
Chic, la démocratie est en marche, ceux qui paient auront leur mot à dire, et ça, c’est chouette.
Mais, immédiatement après, c’est la désillusion :
“Les voix ont différentes portées, parce qu’il y a cinq collèges. Il y a le collège des fondateurs, nous sommes douze et nous avons 50% du pouvoir”.
Ah. Ça se complique…
Puis :
“il y a quatre autres collèges : il y a le collège des abonnés citoyens (15%), Il y a le collège des salariés de Blast (15%), il y a le collège des partenaires (10%) et le Collège des mécènes (10%)”.
Patatras !
Le constat est sans appel : les « abonnés citoyens » et les « salariés » représenteront moins d’un tiers des droits de vote. Quoi qu’ils fassent, ils seront minoritaires, même en joignant leurs voix.
Mais le pire reste à venir :
“Le mécène, je crois que c’est à partir de 30 000 euros (2) : ce sont vraiment les gens qui font des dons importants. Par exemple, je veux beaucoup faire d’émissions culturelles, donc il y a une personne qui va nous donner sans doute plus de 100 000 euros pour qu’il y ait des émissions sur des livres”.
La messe est dite : les premiers intéressés, petits contributeurs et salariés, n’auront pas de pouvoir sur la marche de l’entreprise. Et Denis Robert en donne lui-même le meilleur exemple: un richou va débourser 100 000 euros (3) pour avoir son émission. CQFD.
Graphique montrant les différences de répartition des poids des collèges entre Le Média et le futur webmédia de Denis Robert :
Il y a gouvernance… et gouvernance
Pour renforcer le partage des rôles entre ses coopérateurs, le Média a choisi une forme de gouvernance « à directoire et conseil de surveillance ». Cela signifie que les rôles de direction opérationnelle et de contrôle sont dévolus à des instances différentes. En pratique, les membres du directoire, chargés de la conduite quotidienne de l’entreprise, sont nommés et révocables par les membres du conseil de surveillance, ces derniers étant élus par l’Assemblée Générale de l’ensemble des coopérateurs. Les membres du directoire rendent régulièrement compte au conseil de surveillance élu.
Au contraire, dans le projet de webmédia de Denis Robert, la forme retenue est celle du « conseil d’administration » (4). Ici, une seule instance cumule les deux fonctions de direction et de contrôle, et ne rend compte à l’Assemblée Générale qu’une fois par an, dans un formalisme contraint par le temps et la législation, dans une séquence où, on l’a vu plus haut, les « petits coopérateurs » et les « salariés » sont de toutes façons minoritaires, et où douze personnes disposent de 50% des pouvoirs de vote, et donc de décision.
A grands renforts d’interviews dans la presse mainstream qu’il critique et qu’il veut concurrencer —et dont il sait parfaitement se servir—, Denis Robert n’a cessé de dévaloriser le Média avec des arguments fallacieux et des informations erronées. A cause de ses discours, des « socios » (qui soutiennent financièrement le Média) sont partis pour le suivre. Aujourd’hui, avec les détails sur la gouvernance de son projet, on peut constater qu’il y a eu manipulations et tromperie sur la marchandise !
On a accusé le Média d’avoir la rage pour mieux le tuer, mais ça n’a pas fonctionné. Et ça ne fonctionnera pas :
- parce que la communauté des socios a résisté aux coups de boutoirs,
- parce que le Média est et reste le seul média audiovisuel de masse sur internet entièrement financé par ses socios, ce qui lui assure une parfaite indépendance financière,
- parce que sa forme coopérative et sa gouvernance permettent aux socios d’être réellement sur un pied d’égalité avec les salariés et les autres intervenants.
Denis Robert va créer un n-ième média, dont l’existence et le contenu seront dépendants des bonnes volontés des puissances de l’argent. Dont acte.
A la lumière de ce constat, nous sommes plus que jamais fiers d’être socios engagés dans la réussite du Média.
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(1) la part sociale de la société coopérative du Média est à 1 euro.
(2) l’achat de parts sociales est défiscalisable à hauteur de 50% (Denis Robert est connu pour ses combats contre la fraude fiscale).
(3) plus de six ans et neuf mois de SMIC net (taux 2021)
(4) source : https://www.actu-juridique.fr/annonces-legales/blast-le-souffle-de-linfo-constitution/