Un reportage de notre correspondant Benjamin-Florian Sire
« Agir contre la maltraitance institutionnelle et sociale » était le thème de la dernière Journée mondiale du refus de la misère organisée à Tarbes par ATD quart monde, comme partout en France, le jeudi 17 octobre de 14 heures à 18h30.
Robert Rouch (ATD Quart Monde 65) a rappelé témoignages à l’appui que l’Aide Sociale à l’Enfance s’arrête à 18 ans. Mais comment des jeunes parfois placés très tôt, sans diplômes, pourraient-ils devenir soudain autonomes à 18 ans dans un pays où la plupart des jeunes ne le sont pas avant 25 ans ? Quand une jeune maman à la rue avec ses enfants appelle pour un hébergement pendant plusieurs heures, sans que personne ne décroche, et quand enfin on lui répond, c’est pour lui dire qu’il n’y a aucune place disponible et qu’il faut qu’elle rappelle le lendemain. Certain·e·s n’osent plus rien demander et trouvent plus simple de « se débrouiller ».
En ce 17 octobre 2024, l’ONU a lancé un appel pour mettre fin aux maltraitances sociales et institutionnelles qui, partout dans le monde, font partie du quotidien de personnes en situation de pauvreté. Ces maltraitances sont un obstacle à la reconnaissance des personnes dans leur humanité et à l’effectivité de leurs droits fondamentaux pourtant reconnus par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, rappelle également Robert Rouch.
Les représentant·e·s du Groupe d’Entraide Mutuelle (Oxygem65) pour le handicap psychique de Tarbes ont pour leur part lu des témoignages poignants de patient·e·s évoquant par exemple des psychiatres débordés qui n’ont pas le temps de dialoguer et donnent seulement des cachets, l’enfermement et la promiscuité entre malades souffrant de différentes pathologies, les violences sexuelles entre patients ou même commises par des infirmiers…
Un représentant de la FSU a lu quant à lui des témoignages d’AESH en situation de souffrance, prises entre la dureté de leur mission et la violence administrative de l’institution scolaire (fiches de paye incomplètes, supplément familial oublié… les personnes chargées d’établir les fiches de paye étant elles-mêmes parfois des contractuel·le·s précaires ne connaissant pas le travail). Il a bien évidemment rappelé l’utilité de la syndicalisation pour lutter contre ces violences institutionnelles et sociales qui ont une dimension très politique.
Pauline, étudiante à l’école des Beaux Arts de Tarbes (la plus petite école de France, qui dépend de l’école des Beaux Arts de Pau), a eu le courage de venir témoigner sur sa situation personnelle.
Résidente à Tarbes depuis 4 ans, elle est toujours à la recherche d’un médecin référent. Par son école, elle a pu avoir rendez-vous en visio avec un psychologue, mais chaque rendez-vous étant avec un intervenant différent, il n’y a pas de possibilité de suivi. Elle a vu aussi deux psychologues de ville, mais là aussi, impossible d’avoir un suivi avec un même praticien. Elle regrette aussi que les psychologues vers qui on l’adresse en tant qu’étudiante soient infantilisants, alors qu’à 22 ans, elle est une jeune adulte et plus une enfant.
Alors qu’ elle était prise à Biarritz et à Nice aux Beaux Arts, elle a dû se reporter sur Tarbes où les loyers sont moins chers, après avoir cherché en vain un logement accessible à Biarritz. Elle perçoit une bourse de 300€ et 150€ d’APL… pendant que son loyer est de 440€ ! Elle s’en sort donc uniquement grâce à l’aide du Secours Populaire et aux collectes de fin de marché organisées avec son école.
Siégeant au Conseil d’administration de l’école et membre du Bureau des étudiants, elle témoigne aussi de la baisse des moyens de la Direction Régionale des Affaires Culturelles, avec des subventions qui sont transférées des écoles d’art municipales vers les universités d’art, elles-mêmes plus tournées vers l’histoire de l’art que vers la pratique artistique.
Quelques photos de l’événement :
Associations et syndicats participant à Tarbes : Secours Catholique, MRAP, Groupe d’Entraide Mutuelle, SAGV 65, FSU, UD CGT 65, Habitat et Humanisme, Cimade.
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