« Punk’s not dead » clamait (et clame toujours 44 ans après) The Exploited.
« SCIC’s not sick » ajoutons-nous, alors que le modèle coopératif du Média s’étend à d’autres médias indépendants, puisque Politis devient à son tour une Société Coopérative d’Intérêt Collectif.
Nous nous réjouissons que ce modèle de propriété collective de l’outil de production soit adopté par d’autres entreprises de presse, après Le Média.
A tout seigneur tout honneur, rappelons au passage que le Média, précurseur comme coopérative de presse audiovisuelle, a aussi la particularité d’avoir dans son Assemblée Générale et son Conseil de Surveillance des collèges qui donnent respectivement 50% des vote aux bénéficiaires (40% pour les Socios et 10% pour les Volontaires, socios conventionné·e·s pour exercer des activités bénévoles1), 40% aux Salarié·e·s, et 10% aux Partenaires. A titre de comparaison, comme nous l’expliquions déjà en 2021, Blast réserve 50% des votes à un collège des Fondateurs, 10% aux Partenaires, 10% aux Mécènes, et seulement 15% respectivement aux Abonnés citoyens (équivalent des Socios du Média) et aux Salariés. Ce déséquilibre dans la structure peut favoriser des abus de pouvoir, comme ceux dénoncés par un récent communiqué du SNJ2, d’autant que Blast, contrairement au Média, n’a pas de Conseil de surveillance pouvant exercer un contre-pouvoir.
Le cas de Politis est plus intéressant car, alors que Blast a été créé d’emblée par imitation du modèle du Média, Politis est un média de presse écrite qui existe depuis de nombreuses années, et décide donc sur le tard de se transformer en SCIC, preuve que le modèle est devenu attractif en lui-même. Pour autant, là aussi, cette nouvelle structure est en-deçà de ce qu’on peut trouver au Média : les parts sociales de la SCIC de Politis ont un montant fixé à 50€ (contre 5€ au Média, ce qui permet l’accès au sociétariat à des personnes plus modestes). Les collèges des Salariés et des Bénéficiaires y pèsent respectivement pour 30% des votes, soit deux fois plus qu’à Blast, mais moins qu’au Média, les Partenaires et les Financeurs ayant respectivement 20% des votes.
Bref, nous saluons l’extension du domaine de la SCIC, mais nous sommes aussi conscients de la spécificité de la structure du Média, qui fait que par-delà les crises et les désaccords que nous pouvons avoir quant à certaines décisions, nous considérons qu’il recèle des potentialités démocratiques plus importantes (qu’il n’appartient qu’à nous de développer et de faire vivre).
- En dehors des Volontaires conventionné·e·s, des bénévoles non-conventionné·e·s ou déconventionné·e·s peuvent aussi exercer des activités bénévoles, comme le font par exemple les Socios Engagé·e·s, mais font alors partie du collège des Socios et non de celui des Volontaires, seul le Directoire ayant le pouvoir de signer à sa guise des conventions de bénévolat. Le Directoire peut aussi rompre des conventions de bénévolat, mais il ne peut exclure des sociétaires du sociétariat, les bénévoles exclu·e·s des Volontaires retournant alors simplement dans le collège des Socios. Par conséquent, des bénévoles, même purgé·e·s, peuvent, notamment en postulant pour siéger au CS et en y utilisant leur connaissance de la structure, tenter d’y exercer un contre-pouvoir. ↩︎
- Voir aussi l’enquête d’Arrêt sur images sur Blast. Relativisons tout de même la critique en rappelant que ni le groupe Bolloré, ni TF1 ni BFM TV ni même France TV ne sont des SCIC. Au Média, en tout cas, la section SNJ-CGT créée sous l’impulsion de RKP (qu’on salue au passage), est toujours active et présente au sein du CSE. ↩︎
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